Au moins 2400 femmes, bénéficiaires du projet Femmes en Action (FEA), sont concernées par la formation en alphabétisation. Grâce au dit projet, l’accès à l’éducation des femmes et jeunes filles en RDC en général et dans les zones d’action dudit projet en particulier : Kabare, Kalehe, Mwenga et Walikale se matérialise et ce, grâce au consortium entre deux organismes canadiens de coopération internationale, la Fondation Paul Gérin- La joie et Jane Goodall Institute (JGI) Canada avec le financement d’Affaires mondiales Canada (AMC).
Chance Mushoo, est l’une des femmes Twa (pygmée) bénéficiaire du projet Femmes en Action : Savoirs, droits et leadership : action par et pour les femmes pour l’adaptation aux changements climatiques exécuté par la Caritas Goma et Diobas au Sud-Kivu. Pour cette mère de famille, qui ne sait lire ni écrire, le projet Femmes en Action est une manne que Dieu a envoyé spécialement pour elle et pour les membres de sa petite famille.
En effet, mère de 3 enfants et âgée de 23 ans, Chance Mushoo n’a jamais mis les pieds à l’école ou suivi une formation en alphabétisation : « Je suis venue au monde dans une famille où les hommes pratiquent la chasse et les femmes s’occupent des enfants. Pour un pygmée et surtout une femme, la priorité n’a jamais été les études. J’ai été donnée à un garçon qui est devenu mon époux », commente-t-elle. « Avec ce volet d’alphabétisation, je serai la première dans ma famille à fréquenter un centre de formation et j’en suis vraiment fière. je sais que c’est une occasion pour moi d’apprendre mais également d’apprendre à mes enfants et pourquoi pas à mon mari à lire et à écrire», dira-t –elle au micro de la cellule de communication de la Caritas Goma.
Au matin dudit lancement à Kabare, c’est une foule des femmes qui a répondu présente à la cérémonie du lancement. Les autorités Administratives présentes sur le lieu ont rappelé combien le projet Femmes en action vient résoudre un des problèmes majeurs de la communauté du Nord et Sud –Kivu, où, les femmes ont longtemps étaient mise de côté en éducation scolaire au profit des hommes. C’est le cas du Représentant de la Ministre de l’Éducation, Maitre shungu Ephrem, qui a rappelé la nécessité pour une femme de savoir lire , écrire et calculé : « Désormais on ne vous trompera plus. Surtout lors des élections on ne vous trompera plus car désormais vous saurez faire la différence d’un candidat à un autre en lisant correctement son nom ou son numéro », a déclaré le Dircab du Ministre avant de chuter en sensibilisant les femmes sur le fait que ‘’savoir lire ou écrire ‘’ne doit pas être une occasion pour elles de négliger ou dénigrer leurs époux ».
Au milieu de la foule, Chance Mushoo a applaudi en écoutant différents discours. Mais son enthousiasme s’est encore manifesté quand symboliquement, l’Administrateur du territoire de Kabare, Cirimwengoma Jeandarme Joseph, celui de Kalehe, Thomas Bakenga Zirimwabagabo, la Cheffe de la Division des Affaires sociales, Pétronie Kangela et le Dircab du Ministre de l’Éducation ont remis des cahiers, stylos aux bénéficiaires et des cartons des craies aux formateurs. Des applaudissements et des cris de joie ont alors retenti dans la salle.
En effet, ces femmes et filles (15-49 ans) qui jadis ont été privées de ce que certains ont jugés de ‘’réserver à la gent masculine’’ à savoir : la connaissance ont une occasion de rattraper le temps et de se mettre à niveau pour qu’afin la mystification autour du savoir s’arrête, a expliqué pour sa part Chimène Mwanaw’eka, Programme Manager du projet Femmes en Action à la Caritas -Développement Goma et experte agentivités et renforcement des groupements.
« Grâce au projet FEA des siècles d’humiliations s’envolent car elles ont été privées d’éducation simplement parce qu’elles sont nées femmes. Avec l’accès à l’alphabétisation, elles apprennent à lire, écrire et à calculer. Des notions sur le Genre, les VBG, l’EG et la masculinité positive sont introduites et permettent à ces femmes de mieux comprendre et de voir le monde comme les hommes ou autrement qu’eux. C’est le monde qui s’ouvre à elles grâce au projet FEA. A Kabare et Kalehe, ces femmes disent se sentir libre mentalement car désormais elles savent qu’elles ont accès à l’éducation », a affirmé Chimène Mwanaw’eka.
En effet, des disparités existent encore entre les jeunes filles et garçons par rapport à leur scolarisation. Au Congo et dans plusieurs coins encore du monde, seules les études du garçon sont prises au sérieux laissant la fille à la merci de la rue. Si elles ont la chance de terminer le cycle primaire, il n’est pas toujours certain qu’elles pourront aller jusqu’aux niveaux supérieurs de l’enseignement. Les raisons ou les obstacles à l’éducation des filles : les mariages précoces, les grossesses chez les adolescentes, les coutumes rétrogrades qui, malheureusement, continuent à traverser des générations avec des slogans rétrograde comme : « La place de la femme c’est à la cuisine », les attentes sur le rôle des filles dans les ménages, pour n’en nommer que quelques-uns expliquent bien la situation.
Le projet femme en Action est donc un espoir comme le pense Chance Mushoo, cette femme Twa qui, au-delà de la formation sur l’alphabétisation, bénéficie également des sensibilisations/formations sur le changement climatique et de la biodiversité, la protection de l’environnement, des formations sur le Genre et la masculinité positive, le micro crédit et l’épargne. Dorénavant, elle va apprendre aussi à écrire et lire son propre nom ainsi que les noms de ses enfants. Une joie que Chance nous a bien montrée en esquissant quelques pas de danse à la clôture de ladite cérémonie du lancement des formations en alphabétisation.
Signalons également qu’une formation des formateurs en ingénierie (Pédagogie) de la formation professionnelle avait été donnée dans le but de permettre auxdits formateurs d’acquérir la méthodologie propre à la formation professionnelle liée aux adultes et cela à travers Sept (7) modules dont : Analyse des besoins en formation ; Préparation d’une leçon ; Elaboration d’un programme de formation ; Animation d’une leçon ; Evaluation d’une action de formation ; Attitudes favorables à l’apprentissage et Hygiène et sécurité
Lydie Waridi Kone
Communication