Les ateliers dont les travaux ont été ouverts par Jacqueline Ngengele, Cheffe de la Division Genre, Famille et Enfant et Facilitatrice des assises avait pour objectif de promouvoir l’égalité des sexes et à lutter contre les violences faites aux femmes et aux filles en République Démocratique du Congo (RDC) en général et à Kabare et Kalehe (Sud-Kivu) en particulier. Un programme qui rentre dans le cadre du projet Femmes en Action : Savoirs, droits et leadership : action par et pour les femmes pour l’adaptation aux changements climatiques ; réalisé en consortium entre deux organismes canadiens de coopération internationales, la Fondation Paul Gérin- La joie et Jane Goodall Institute (JGI) Canada avec le financement d’Affaires mondiales Canada.
Les participants, une cinquantaine à Kabare et Kalehe sont des femmes bénéficiaires du projet Femmes en Action (FEA), qui est exécuté par la Caritas Goma et Diobas au Sud-Kivu. Pour la circonstance, les bénéficiaires, des femmes dont l’âge varie entre 15 et 49 ans étaient en couple (mari et femme) pour que la matière soit bien assimilée, a expliqué d’entrée de jeu la Facilitatrice desdits ateliers.
Jacqueline Ngengele a indiqué que malgré les engagements internationaux et nationaux qui ont été pris pour promouvoir et encourager l’égalité des sexes et éliminer toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et des filles, la violence à leur encontre demeure une réalité tenace et surtout en milieu rural. La persistance des violences faites aux femmes et aux filles est inacceptable et constitue un obstacle majeur au développement durable de nos sociétés avec des conséquences ravageuses sur la santé physique, mentale et sexuelle des femmes et des filles. Elles limitent leurs opportunités et entravent leur participation pleine et entière dans différentes sphères de la société. En même temps, elles constituent également une violation flagrante des droits humains fondamentaux … »., a déclaré la Cheffe de la Division Genre, province du Sud-Kivu.
Pour les couples participants à l’atelier, les « coutumes rétrogrades » ou encore certains « interdits » expliquent en partie cette situation : la femme ne mange pas les œufs, une femme ne peut pas parler dans une assemblée d’hommes, les morceaux d’un rôti de poulet sont exclusivement réservés à papa, la femme ne dit pas non au lit à son mari, etc…. autant des rôles sociaux et des stéréotypes de genre profondément enracinés dans nos sociétés qui créent des inégalités, principalement en défaveur des femmes.
En effet, la grande surprise au cours de ces assises aura sans doute été l’engagement qu’ont pris les hommes à adhérer facilement à la masculinité positive. Un concept encore nouveau pour certains comme l’a fait savoir François Zigabe, un pygmée (PA) qui participait à l’atelier avec sa femme. Pour ce père de famille de 13 enfants, après 3 jours de formation, le constat est accablant et n’a pas hésité à promettre un radical changement dans son foyer : « Personnellement, la rencontre m’a été bénéfique et je pense que tout ce que je faisais était surtout dû à l’ignorance. C’est par exemple, le fait de porter mon enfant quand ma femme est fatiguée, ou le droit de refuser d’avoir des relations intimes avec moi au lit malgré que je sois son mari, ou que je dois lui apporter mon aide quand elle est en cuisine… Je pensais juste qu’elle était orgueilleuse ou qu’elle voulait m’humilier alors que je suis le chef de la famille. Mais je pense qu’il y a moyen de faire des concessions et d’évoluer malgré que je sois pygmée ou pas ».
Pour Geneviève Safi, c’est avec le sourire aux lèvres qu’elle s’est adressée au micro de la cellule de communication de la Caritas Goma : « Je suis bien contente car certains sujets abordés par maman Jackie touchent directement mon mari. J’ai du mal à lui dire certaines choses et peur de lui proposer de m’aider dans certaines tâches ménagères. J’ai aussi peur de lui proposer de m’aider à porter le bébé même quand je suis fatiguée. J’espère vraiment que cette formation va aider notre couple et que je veux enfin manger les œufs (rire!!) » , espère Geneviève.
A la clôture des assises à Kalehe et Kabare, Chimène Mwanaweka, Programme Manager du projet Femmes en Action à la Caritas Goma a indiqué que la masculinité positive ne consiste pas à nier la masculinité telle que construite dans nos sociétés, mais il s’agit plutôt de la redéfinir de manière inclusive et respectueuse des droits des femmes et des filles. Il s’agit, à l’entendre, de faire une remise en question des stéréotypes et des normes sociales discriminatoires, et de promouvoir des valeurs telles que l’égalité, le respect mutuel, la responsabilité et la non-violence : « Je vous considère désormais comme des couples modèles, bénéficiaires du projet FEA. Vous êtes des agents de changement engagés à promouvoir une masculinité non-discriminatoire et à sensibiliser notre communauté à l’égalité des sexes » a déclaré Chimène Mwanaweka avant de déclarer clos les ateliers.
Au moins 200 personnes ont été formées sur le Genre et la masculinité positive. ,Le projet femmes en Action espère qu’ils deviennent des volontaires au sein de leurs communautés pour inspirer et faciliter des changements relatifs aux normes de genre, à l’égalité hommes-femmes et aux rôles de chacun. Les participants ont déclaré avoir acquis des connaissances qui leur permettront de développer des comportements positifs et non-violents et à lutter contre les inégalités entre les sexes.
Lydie Waridi Kone
Communication