A Goma, les hôpitaux sont débordés à cause de l’arrivée des dizaines de blessés occasionnés par la prise de la cité de Sake par les rebelles du M23 . Des dirigeants locaux et autorités locales ont déclaré que plus de 200 civils ont été tués dans les zones conquises par le M23 depuis le jeudi 23 janvier 2025.
C’est le jeudi 23 janvier 2024, après une panique de la population de la ville de Goma que le Directeur de la Caritas Goma, Abbé Pierre Kamani a demandé au staff de regagner leurs domiciles et d’observer l’évolution de la situation sécuritaire en famille.
Les combats s’intensifient dans l’Est de la République démocratique du Congo, où plusieurs fronts sont actifs. La situation est particulièrement critique dans le territoire de Masisi, avec des affrontements violents entre les FARDC et les rebelles du M23 qui ont fait assaut sur la cité de Minova au Sud-Kivu et ensuite la cité Sake au Nord-Kivu à une vingtaine de kilomètres de la ville de Goma.
La reprise des affrontements dans le Nord-Kivu, notamment autour de Goma, a provoqué un déplacement massif de populations, aggravant une crise humanitaire déjà critique. Des centaines de milliers des personnes ont été forcées de fuir, abandonnant le peu de biens qu’elles avaient réussi à préserver après des déplacements répétés.
À mesure que les combats s’intensifient, des familles entières se réfugient dans des églises, des écoles ou d’autres abris de fortune à Goma. Ces lieux, souvent surpeuplés et inadéquats, ne répondent pas aux besoins élémentaires des déplacés : « les populations manquent de nourriture, d’eau potable, de soins médicaux et d’abris adaptés, tandis que l’aide humanitaire peine à leur parvenir », déclare le Chef du département Urgence à la Caritas, Eddy Yamwenziyo.
La situation est particulièrement alarmante autour des sites de déplacés en périphérie de Goma. Les tirs d’artillerie ont vidé certains camps, où résidaient auparavant jusqu’à 600 000 personnes. Depuis le 4 janvier, plus de 178 000 personnes supplémentaires auraient fui les affrontements, selon des estimations des acteurs humanitaires. À Goma, les infrastructures locales, déjà fragiles, sont débordées par l’arrivée massive de ces déplacés.
La chute de Sake et la mort du Général- Major Peter Cirimwami, Gouverneur militaire du Nord-Kivu, qui a succombé à ses blessures, car touché par balle, a nourri la psychose au sein de la population de Goma occasionnant un afflux massif de déplacés vers Goma. Les habitants de Sake ont d’abord convergé vers Mubambiro avant de se diriger massivement vers le centre-ville de Goma. Les camps de déplacés de Bulengo, Kimashini et Lushagala, à l’ouest de Goma, ont été vidés, les occupants cherchant refuge au centre-ville.
« L’hôpital de Ndosho et CEBCA (à Goma) font face à un afflux sans précédent de blessés en provenance des zones de combat, la capacité de l’hôpital de Ndosho a été augmenté de 147 à 200 lits pour répondre à l’urgence et depuis jeudi matin, 120 blessés supplémentaires ont été admis, portant le total à 250 patients » a précisé le Responsable de cette structure sanitaire.
Les hôpitaux sont presque saturés de civils blessés. Les femmes, les enfants et les personnes âgées vulnérables vivent dans des conditions précaires, avec un accès limité à la nourriture, à l’eau et aux services essentiels.
C’est alors qu’après s’être bien informé de cette situation tendue autour de la ville touristique de Goma, le Directeur de la Caritas Goma, a démandé au staff de retourner respectivement dans leurs familles et d’observer l’évolution jusqu’à nouvel ordre ne gardant que le service des urgences en alerte pour des possibles assistances aux déplacés.
Nonobstant les combats qui s’intensifient autour de Goma, il y a quelques jours, la Caritas Goma à travers son département des Urgences Humanitaires était en pleine assistance en vivres aux nouveaux déplacés dans le site de Bushagara (3898 ménages) et la réponse alimentaire aux malades MPOX et accompagnateurs dans le site de Lushagala avant que la situation ne dégénère. Les activités d’assistance ont été suspendues pour ne pas exposer les bénéficiaires vivant dans les sites qui ne sont pas épargnés au largage des bombes, a précisé le Coordonnateur des Urgences à la Caritas Goma qui alerte aussi sur la situation alarmante de nos frères et sœurs surtout avec la nouvelle vague des déplacés.
Par ailleurs, des affrontements intenses ont repris hier vendredi 24 janvier entre l’armée congolaise (FARDC) et les rebelles du M23 dans le territoire de Nyiragongo, au Nord-Kivu. Les habitants des groupements de Rusayo et Mudja se déplacent d’une manière préventive vers la ville de Goma à cause des tirs d’armes lourdes et légères qui retentissent dans divers villages.
D’après des sources locales, le M23 soutenu par l’armée rwandaise, aurait lancé des attaques simultanées contre des positions des groupes armés locaux ainsi que contre les FARDC à Kilimanyoka et Kanyamahoro, à environ 20 kilomètres au nord de Goma.
La situation reste extrêmement préoccupante sur l’ensemble des fronts, avec des combats d’une intensité variable mais continue, aggravant la crise humanitaire. Face à cette situation, les acteurs humanitaires et les autorités congolaises sont appelés à intensifier leurs efforts pour fournir une aide d’urgence en vue de sauver des vies humaines qui sont en danger. Malheureusement l’accès à l’aide humanitaire pour répondre à ces besoins urgents est considérablement restreint.
Signalons que la ville de Goma est désormais isolée avec la coupure des principales voies d’approvisionnement (axes Sake et Rutshuru), qui peinent à répondre aux besoins croissants des déplacés. Les denrées alimentaires connaissent une rareté présageant une hausse de prix sur le marché.
Selon l’ONU, les violations des droits de l’homme, notamment les pillages, les blessures, les meurtres, les enlèvements et les arrestations arbitraires de personnes déplacées prises pour des rebelles, se sont intensifiées.
Antonio Guterres a condamné jeudi l’extension de l’offensive des rebelles du M23, qui accroît « le risque d’une guerre régionale », a indiqué son porte-parole, évoquant la présence des forces rwandaises.
Lydie Waridi Kone et Angèle Buke
Communication