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Au total, c’est 29 933 ménages de déplacés – retournés (ceux qui ont décidé de rentrer chez eux après avoir fui un temps la violence) dont 20 953 ménages à Sake et 8980 ménages à Kirotshe qui reçoivent l’assistance en vivres, avec le financement du Programme Alimentaire mondial (PAM). C’est depuis la fin du mois de février 2025 qu’à Sake, 1331.353 MT tonnes en vivres soit 585.210 MT de céréales (Farine de Maïs) ; 643.731 MT légumineuses (haricot ou petit pois) ; 87,782 MT d’huile végétal et 14.630 MT du sel de cuisine sont en cours de distribution. Et à Kirotshe, le PAM – à travers son partenaire d’exécution – la Caritas Goma – a alloué 570.584 MT soit 250.806 MT de céréales ; 275,887 MT de légumineuses ; 37.621 MT d’huile végétal et 6 .270 MT de sel de cuisine. Cette distribution fait suite à une mission Go and see organisée par Caritas Goma et CH ACDD (partenaire de ciblage du PAM) en date du 17 au 20 février 2025 sur l’axe SAKE-Kirotshe – Shasha – Bweremana et Minova.
Respectivement des zones où les populations avaient fui les combats opposant les forces armées de la République Démocratique du Condo au M23 pour se réfugier à Goma, Sake et Kirotshe se voient petit à petit rempli de ses habitants. Ces déplacés retournés qui ont tout perdus pendant la période de la guerre, peuvent enfin pousser un ouf de soulagement depuis l’annonce de l’ouverture d’un accès humanitaire aux différentes ONGs œuvrant dans l’Humanitaire. C’est le cas de la Caritas Goma qui à travers son département des Urgences humanitaires soulage tant soit peu les souffrances de ces retournés, estimés à plus de 42 600 personnes retournées dans les aires de santé de Sake, Kaduki, Kimoka, Kihindo et Shasha, soit 80 % des ménages qui étaient en déplacement, indiquent des sources humanitaires.
Le lundi 3 mars dernier, le PAM annonçait dans ses réseaux sociaux que plus de 200.000 personnes recevront environ 3.000 tonnes de nourriture en territoire de Masisi avant de déclarer, sur une note de regret, que près de 70% des stocks d’aide alimentaire ont été pillés à Goma et Bukavu laissant penser que l’aide serait à quantité réduite.
« Dans nos entrepôts à Goma, nous avions 13.000 tonnes [de nourriture] mais 9.000 tonnes ont été complètement pillées » », a déclaré le PAM au cours d’une rencontre du Cluster sécurité alimentaire. « Nous devons donc maintenant faire face aux besoins des personnes déplacées dans les différentes localités dans le Nord-Kivu».
En effet, la plupart des retournés retrouvent leurs villages après plus d’une année d’absence suite au conflit. Depuis le déclenchement de la guerre et surtout après l’occupation des villes de Goma et Bukavu par les éléments du M23, plus 21,2 millions de personnes sont touchées par les conflits armés, les déplacements forcés, la crise alimentaire et les épidémies. Face à cette crise, le Coordonnateur humanitaire en République démocratique du Congo, Bruno Lemarquis, a fait rappeler la communauté internationale à redoubler d’efforts pour soutenir la réponse humanitaire en RDC.
Ces retournés sont dénués de tout et sont obligés de tout recommencer à zéro. Sur différents rapports humanitaires, on signale que plus des trois quarts de ces « déplacés-retournés » n’ont pas accès aux terres agricoles. Parfois à cause des combats, et parfois – dans la moitié des cas – parce que leurs champs sont occupés par d’autres à leur retour. D’après des chiffres de l’Office de coordination humanitaire des Nations unies (Ocha), 10% des personnes trouvent aussi leurs maisons ou champs occupés. Ceux qui autre fois étaient propriétaires se retrouvent dehors « chez eux » et ceux qui étaient agriculteurs se retrouvent sans terre cultivable. Quant à ceux qui étaient bergers, ils n’ont tout simplement plus des bétails. Une situation qui à la longue ne pourra que générer des conflits et des tensions en communauté, estiment plus d’un observateur.
Mais une chose à la fois, des distributions qui sont en cours à Sake et Kirotshe, visiblement viennent apporter espoir à ces familles retournées.
« Quand il n’y a plus d’espoir on meurt vite. Mais aujourd’hui, je pense avoir la force de me battre encore pour mes enfants et ce, grâce à la Caritas Goma et à PAM pour ce don des nourritures », a affirmé Uwera Marie, la trentaine, veuve et mère de 4 enfants dans le site de Sake.
Dans cette marée humaine venue prendre l’assistance, le Directeur de la Caritas Goma, Abbé Pierre Kamani, s’est joint à l’équipe de l’Urgence pour distribuer aussi les vivres aux ménages. C’est ainsi qu’après avoir reçu les siens, Antoinette Chiza s’est adressée à l’homme de Dieu en disant: « Baba padiri (père, abbé, en swahili), la Caritas ne nous a pas oublié quand nous étions aux camps de déplacés à Lushagala, aujourd’hui, elle vient encore, grâce au PAM, vers nous avec de la nourriture. Vous êtes vraiment généreux car cela montre que notre souffrance est la vôtre aussi. Que Dieu vous bénisse ». Sur ces mots, Antoinette est partie transportant tant bien que mal son colis avant que sa silhouette ne se perde dans la foule.
Tenant compte de la disponibilité des vivres, le PAM a réajusté la ration alimentaire de 30 jours par personne qui se présente comme suit : farine de maïs : 200g, haricot/petit pois : 220, huile: 30g, sel:5g.
Au-delà de la distribution des vivres dans ces deux sites, les activités de nutrition préventive et sensitive sont organisées. Il s’agit des activités de dépistage des enfants de 6 à 59 mois; femmes enceintes et allaitantes, sensibilisation ANJE (Alimentation des Nourrissons et des Jeunes Enfants), sensibilisation sur les groupes d’aliments et démonstrations culinaires (échantillons FA ET FA et hommes). Les enfants de 6-59 mois ayant le périmètre brachial < 115 mm sont déclarés avec malnutrition aiguë sévère (MAS) et sont référés au centre nutritionnel le plus proche. Également les enfants avec un périmètre brachial > ou = 115 et < 125 sont déclarés avec malnutrition aiguë modérée référés aussi à leur tour dans un centre de santé. Les femmes enceintes et allaitantes avec un périmètre brachial < 230 mm sont référées au centre de santé le plus proche où elles bénéficient aussi d’un conseil nutritionnel. Une enquête nutritionnelle portant sur les habitudes alimentaires est réalisée sur le site. En ce qui concerne la nutrition préventive la farine fortifiée (6 kgs pour chaque FA et FE) et plappy doze (30 sachets par mois pour chaque enfant) sont aussi distribués.
Notons aussi que lors des distributions, les officiers de protection se chargent de rappeler le nouveau paquet des vivres par personne, d’accompagner les personnes à besoins spécifiques, à gérer les plaintes sur la table des plaintes et Feed back et de les inviter au lavage des mains Des focus group pour récolter les éléments liés à la protection sont organisés journalièrement.
Signalons que la période de la distribution est de 15 Jours sur le site de Sake et 6 jours pour le site de Kirotche.
Lydie Waridi Kone
Cellule de Communication
